À quelques jours de l’ouverture de la campagne de commercialisation de l’arachide, la tension monte dans plusieurs régions du centre et du nord du pays. Malgré des rendements annoncés en hausse, renseigne Le Soleil, les producteurs refusent que le prix plancher de 305 FCFA/Kg — maintenu l’an dernier — soit reconduit. Ils réclament désormais une revalorisation comprise entre 350 et 500 FCFA/Kg, invoquant l’explosion des coûts de production.
À Linguère, la contestation est déjà vive. Certains producteurs ont anticipé la vente sur les marchés de Touba, profitant de prix plus attractifs. « L’État doit fixer le prix à 500 FCFA pour garantir la survie de la filière », martèle Moustapha Diop, agriculteur à Gassane, évoquant la hausse du coût des intrants, du transport et de la main-d’œuvre. Même son de cloche chez Daouda Sakho, président de la coopérative de Doundodji, qui parle d’une augmentation “indispensable”.
Pourtant, les indicateurs agricoles sont au vert. Selon Aliou Sow, chef de service départemental de l’Agriculture, la production arachidière affiche une croissance de 15 %. À Louga, l’embellie se confirme : pluviométrie excédentaire, bonnes pratiques culturales et lutte précoce contre les chenilles d’Amsacta ont permis de projeter 897 kg/ha pour une production estimée à 34.218 tonnes, selon le SDER.
À Diourbel, les producteurs, optimistes, attendent l’arbitrage de l’État et plaident pour un prix autour de 400 FCFA/Kg. Ibrahima Ndiaye, président de l’Ugad, appelle même à revoir le système de subventions, accusé d’ouvrir la porte aux “non-agriculteurs”. De plus en plus, les exploitants recourent au crédit bancaire pour acquérir semences et engrais.
Dans le bassin arachidier, où la production est meilleure que l’an dernier, les marchés débordent. Cet afflux fait déjà baisser les prix à 225 FCFA/Kg, alertent plusieurs responsables. Cheikh Tidiane Cissé, président de l’Association des agriculteurs du bassin arachidier, presse le Cnia d’homologuer rapidement un prix pour enrayer cette chute. Sidi Ba, SG régional du Ccr, juge 350 FCFA comme un prix “raisonnable”, même si certains réclament toujours les 500 FCFA.
Les opérateurs privés, eux, ne s’engageront qu’après le règlement de leurs factures de 2024. « Les stockeurs et semenciers sont prêts, mais attendent encore les paiements pour se repositionner », rappelle Djibril Diop, vice-président de la chambre de commerce de Kaolack.
Entre revendications sociales, défis économiques et décision politique attendue, la campagne 2025 s’annonce décisive. Malgré une production annoncée comme l’une des meilleures des dernières années, tout repose désormais sur la fixation d’un prix juste, capable de satisfaire à la fois producteurs, transformateurs et opérateurs.
