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Cayar : les femmes transformatrices de poisson étouffées par les usines de farine

À Cayar, la vie des femmes transformatrices de poisson vire au cauchemar. Déjà fragilisées par la raréfaction des ressources halieutiques, elles subissent désormais la pression d’une concurrence jugée déloyale : celle de l’usine de farine de poisson Touba Protéine Marine, installée dans la commune depuis 2018.

Sur un site quasi désert, entre tables vides et bassines sans contenu, Maty Ndao, présidente des transformatrices, se remémore avec nostalgie les jours d’abondance. « Même les déchets de poisson sont monopolisés par l’usine. Ils achètent tout, et les pêcheurs leur sont désormais fidèles car ils paient le double », déplore-t-elle.

D’après Le Soleil, la commune, située à 58 km de Dakar, compte 325 femmes dans cette activité, mais 80 % d’entre elles sont aujourd’hui au chômage. La sardinelle, jadis accessible, est devenue un luxe. « Je travaille avec des juvéniles que je fume pour en faire du keccax. Parfois je ne gagne que 1000 ou 2000 FCFA dans la journée », témoigne Ndèye Diène.

Face à elles, les pêcheurs, comme Mame Mor Tine, assument leur choix : « Je vends aux usines, elles paient bien. Une caisse de sardinelle peut me rapporter 42 000 FCFA. » Même constat chez les mareyeurs comme Badou Seck, qui trouvent leur intérêt dans la revente des déchets.

Entre crise écologique et injustice économique, les femmes transformatrices de Cayar crient à l’abandon. Leurs voix peinent à couvrir le vacarme des machines industrielles qui, chaque jour, avalent leur gagne-pain.

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