Dans une réflexion publiée ce 14 novembre 2025, l’Abbé Philippe Dibocor Ngom, prêtre de l’archidiocèse de Dakar et Responsable de la Fondation Martyrs de l’Ouganda de Fayil, propose une relecture du dialogue interreligieux au Sénégal. Dans un pays où cohabitent chrétiens, musulmans et adeptes des religions traditionnelles, il appelle à dépasser le syncrétisme pour adopter une approche plus solide : la convergence éthique.
Selon lui, le syncrétisme — qui mêle croyances au risque de diluer les identités — crée une unité artificielle, comparable à l’illusion de la tour de Babel. L’Abbé Ngom souligne qu’une paix durable ne peut se construire en fusionnant les religions, mais en respectant les différences tout en identifiant des valeurs communes comme la dignité humaine, la justice, la solidarité ou la protection de la création.
Cette « convergence éthique » s’appuie sur l’expérience sénégalaise du vivre-ensemble et sur ce qu’il appelle les “alliances invisibles” : initiatives interreligieuses de solidarité, gestion collective de crises ou actions communes pour le bien public. Elle suppose d’assumer les divergences théologiques, d’écouter l’autre sans chercher à l’uniformiser, et de coopérer sur les enjeux sociaux.
L’Abbé Ngom insiste également sur le rôle essentiel des leaders religieux, des femmes et des jeunes dans cette dynamique. Il appelle à structurer le dialogue par des formations, une ingénierie sociale et des réseaux durables, notamment autour des Rencontres de Smara, présentées comme un espace symbolique pour une nouvelle manière de construire la paix.
Pour lui, la convergence éthique n’est ni une utopie ni une fusion confuse : c’est une voie exigeante pour « marcher ensemble sans devenir identiques » et bâtir une fraternité enracinée dans le respect des différences.
