Dans un entretien accordé à l’Agence de presse sénégalaise (APS), vendredi, le cardinal Théodore Adrien Sarr a affirmé que l’Église catholique n’était pas encore prête à accueillir un pape noir. « Le monde aujourd’hui n’est pas prêt à avoir un pape noir. L’Église catholique elle-même n’est pas prête à avoir un pape noir, et je n’ai pas honte de le dire, mais ça viendra », a déclaré l’archevêque émérite de Dakar, depuis sa résidence baptisée Nazareth.
Le cardinal fonde ses propos sur le regard encore peu valorisant porté sur les personnes noires dans plusieurs régions du monde. Il déplore le manque de « considération » accordé aux « hommes de couleur », malgré les principes d’égalité portés par la foi chrétienne : « Même nous, Église, sommes des humains avec nos limites, nos faiblesses ».
Au lendemain du décès du pape François, survenu le 21 avril dernier, plusieurs cardinaux africains étaient cités parmi les favoris — notamment le Congolais Fridolin Ambongo, le Ghanéen Peter Turkson et le Guinéen Robert Sarah. Mais c’est l’Américain Robert Francis Prevost, 69 ans, qui a été élu pape sous le nom de Léon XIV.
Le cardinal Sarr observe toutefois une évolution dans l’histoire de l’Église : « Avec l’élection du pape François, venu du bout du monde, c’est l’hémisphère sud qui a donné un pape à l’Église ». Il rappelle que la majorité des catholiques se trouvent aujourd’hui en Afrique, en Asie et en Amérique latine, des zones où la foi demeure vivace, contrairement à l’Occident marqué par la sécularisation.
Hostile à un système de rotation entre continents pour l’élection du pape, il conclut : « Ce sont les cardinaux, inspirés par Dieu, qui doivent élire le pape. Ce n’est pas une organisation humaine. »