À l’approche des Jeux olympiques de la jeunesse prévus en 2026 à Dakar, les artisans cordonniers installés aux abords du stade Iba Mar Diop vivent dans l’attente angoissée d’une relocalisation toujours reportée. Menacés d’expulsion à tout moment en raison des travaux de modernisation du stade, rapporte Le Soleil, ils attendent toujours la concrétisation du projet de « Maison du cuir », censée les accueillir à la Médina.
Financée par l’Agence française de développement (AFD), cette infrastructure de trois étages et 1.000 m² devait améliorer leurs conditions de travail. Mais sur le terrain, rien n’avance. « On nous avait promis un début des travaux en janvier. Nous n’avons toujours rien vu », déplore Modou Wadji, président du GIE « Boolo Aar Kuude Gi », qui regroupe 350 artisans.
Malgré l’espoir de meilleures conditions de travail, l’inquiétude domine. Si certains ont reçu une proposition d’indemnisation — jusqu’à 150.000 FCFA — d’autres dénoncent des montants inéquitables. En parallèle, la concurrence des chaussures importées, notamment de Chine et de Turquie, menace leur survie économique. Ils réclament un soutien de l’État, notamment une suspension temporaire des importations pendant les fêtes religieuses.
Autre défi majeur : la dépendance à l’importation des matières premières. Faute de tanneries locales performantes, les artisans importent cuir, colle et outils, principalement d’Italie et de Chine, ce qui alourdit leurs coûts de production.
« Pour préserver notre métier, il faut penser à toute la chaîne », plaide l’artisan Bara Diop. Dans l’attente d’une réponse des autorités, les cordonniers de la Médina restent suspendus entre tradition et modernité, déterminés à défendre leur savoir-faire.