Les autorités de transition du Mali ont officiellement levé ce mercredi la suspension des activités politiques des partis et associations, imposée en avril dernier. Cette décision intervient alors que onze cadres de partis politiques maliens, arrêtés le 20 juin dernier pour avoir osé se réunir malgré ce décret, attendent toujours leur sort. L’annulation de ce décret pourrait-elle influer sur leur libération ?
La défense des onze anciens ministres et dirigeants politiques, accusés notamment d’« opposition à l’exercice de l’autorité légitime », reposait principalement sur deux arguments. D’abord, la dénonciation de leurs conditions d’interpellation, effectuée sans mandat et dans un domicile privé. Ensuite, la critique du décret lui-même, jugé « inconstitutionnel » par leurs avocats.
Avec la levée du décret, Maître Hyacinthe Koné, l’un des avocats des accusés, affirme qu’« il n’y a plus d’infraction puisqu’il n’y a plus de loi pénale violée ». Bien qu’il garde secrète sa future stratégie juridique, il confirme son intention de tirer parti de cette nouvelle situation. « La loi pénale n’est pas comme la loi civile, elle connaît beaucoup d’exceptions relativement au principe de non-rétroactivité », explique Maître Koné, soulignant l’incertitude quant à l’interprétation que la Justice malienne, souvent perçue comme instrumentalisée, pourrait adopter.
Le procureur du Tribunal de la Commune V de Bamako, chargé de la procédure, a refusé de commenter cette évolution. Parmi les proches des détenus, les réactions sont partagées. Certains y voient une mesure d’apaisement prometteuse pour les onze opposants, tandis que d’autres redoutent que cette décision ne cache « de plus sombres desseins » des autorités maliennes de transition. « On va prier », conclut avec ironie un parent d’un détenu, n’excluant pas l’espoir.
Alors que le Mali traverse une période tumultueuse, la levée de la suspension des activités politiques suscite des espoirs et des craintes. La libération des onze dirigeants arrêtés reste incertaine, suspendue à l’interprétation judiciaire de ce revirement législatif. Le pays attend avec appréhension la suite des événements, espérant une justice équitable et transparente dans un contexte politique délicat.