La Société de gestion des infrastructures publiques (SOGIP) est toujours en train de rembourser un prêt de 46 milliards de francs CFA contracté dans des conditions jugées opaques, selon les révélations du directeur général Dame Mbodji et confirmées par Libération dans son édition du lundi 7 avril.
Destinés à financer la construction de l’Université Amadou Makhtar Mbow, les fonds ont été octroyés par la Bank of Africa (BOA) sur la base d’une convention de crédit signée le 14 septembre 2016 entre l’État du Sénégal, la Sogip, BOA et Marylis BTP, une entreprise appartenant à Adama Bictogo, actuel président de l’Assemblée nationale ivoirienne.
Problème : Marylis BTP n’était pas membre du groupement adjudicataire du marché (Yildrim Holding AS / Eti Béton / Touba Matériaux), mais a tout de même bénéficié du financement. Pire, selon Libération, le prêt a été accordé sans autorisation parlementaire, ni inscription dans les lois de finances, en violation des règles de gestion budgétaire. Ces irrégularités ont été pointées dans le rapport de la Cour des comptes publié en février.
La convention prévoyait un taux d’intérêt de 6% HT, supérieur au plafond prévu, et les fonds obtenus n’ont pas permis l’achèvement du chantier, finalement repris par une autre entreprise. Marylis BTP a été liquidée, laissant de nombreux sous-traitants impayés.
Aujourd’hui, la Sogip continue de rembourser un prêt dont les fonds ont été engloutis, alors même que le contrat avait été résilié dès décembre 2017. Un scandale financier aux lourdes conséquences pour l’État sénégalais.