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Conférence de presse du gouvernement le jour de la commémoration du naufrage du « Diola » : « Le naufrage de la mémoire ? », selon le journaliste Papa Moctar SELANE

Une épave non renflouée, des corps non identifiés enterrés dans quatre cimetières, plus de 1000 orphelins jamais pris en charge, des rescapés abandonnés, un mémorial construit 22 ans après la tragédie… Voilà un bref état des lieux du « dossier du naufrage du Joola ». Ces doléances royalement ignorées font que des familles de victimes vivent dans un « naufrage permanent » en raison d’un deuil presqu’impossible résultant de la gestion calamiteuse de l’affaire du « Joola ».

Dans l’histoire du Sénégal, le naufrage du bateau « Le Joola », le 26 septembre 2002, reste la plus grande catastrophe avec près de 2000 morts. Chaque année, le 26 septembre précisément, des cérémonies commémoratives sont organisées à Dakar et Ziguinchor pour marquer l’anniversaire du drame. Seule date où les Sénégalais, à l’unisson, se souviennent et prient pour les victimes.

C’est cette même date qui a été choisie par le gouvernement du Sénégal et son Premier ministre pour faire « un état des lieux sur la situation du pays » à travers un point de presse. Une coïncidence troublante d’autant plus qu’à la même heure les familles de victimes et d’autres Sénégalais convergent vers les cimetières des naufragés de Mbao (Dakar), de Kantène (Ziguinchor), de Niafrang-Kabadio (Bignona), de Bassori (Gambie) ainsi qu’à la Place du Souvenir africain et la Place des naufragés du cimetière Saint-Lazare à Dakar pour se souvenir et se recueillir.

Pourquoi le gouvernement du Sénégal a choisi cette date du 26 septembre pour tenir un point de presse ? Est-il animé par une volonté manifeste d’enterrer définitivement le dossier du « Joola » ? L’objectif n’est-il pas de reléguer au second plan l’inauguration du Mémorial du « Joola » à Ziguinchor, construit sous le règne de leurs prédécesseurs ?

De toute façon, le 26 septembre est une journée souvenir ineffaçable de la mémoire collective du Sénégal. Une journée d’introspection et de réflexion pour éviter d’autres drames. Mais vu les dernières tragédies de la migration irrégulière et la récente découverte d’une pirogue remplie de cadavres de migrants au large de Dakar montrent à suffisance que toutes les leçons de la journée noire du 26 septembre 2002 n’ont pas été tirées. Et le point de presse du gouvernement, programmé ce 26 septembre 2024, peut être perçu comme un appel à l’oubli, à la banalité, à l’indifférence et au mépris.

*Papa Moctar SELANE*
*Auteur du film documentaire « Le Joola, l’ancre du souvenir »*

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