Le 10 mai 2022, le président de la République lançait une revalorisation historique des salaires dans la fonction publique, motivée par la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation et aux tensions économiques post-Covid. Si les agents de l’État ont rapidement bénéficié de cette mesure, ceux des collectivités locales ont dû attendre un arrêté d’extension, faute d’une fonction publique locale pleinement opérationnelle, malgré la loi de 2011 qui en jetait les bases.
Une grille d’indemnités spéciales complémentaires a alors été arrêtée, variant de 300 000 F CFA pour les agents de la hiérarchie A1 à 80 000 F CFA pour ceux de la hiérarchie D. Ce travail d’expertise, salué par feu Mustapha Bâ, visait à corriger une iniquité criante entre agents fonctionnaires et non fonctionnaires de même niveau.
Toutefois, l’application s’est heurtée à de nombreuses difficultés : un effectif pléthorique issu de recrutements sans concours, l’absence de mise en œuvre réelle de la fonction publique locale, et une impossibilité technique d’intégrer certaines indemnités – désormais qualifiées de « mesures sociales » – dans les bulletins de solde, faute de nomenclature adéquate.
Un recensement mené par le Centre national de la fonction publique locale a classé 15 981 agents en trois catégories : 4021 certifiés, 8858 à régulariser, et 3102 hors périmètre. Si un protocole d’accord a été proposé, son application reste en suspens.
Aujourd’hui, à deux semaines de la fin du premier semestre 2025 – date limite retenue dans le pacte de stabilité sociale – les collectivités locales les plus fragiles peinent toujours à mettre en œuvre la revalorisation, menaçant la paix sociale. Reste à savoir si l’État honorera son ultime engagement dans les temps.