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FUSION DES ORGANISATIONS PATRONALES (CNP et CNES): Une réponse à la menace crédible de l’état ? PAR LE PROF ABOU KANE, FASEG/UCAD

Le concept de menace crédible est utilisé en théorie des jeux pour désigner une menace qui a toutes les chances d’être mise à exécution. Le 1er Octobre 2024, la confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) et le Conseil national du Patronat (CNP) ont rendu public le désir d’unir leurs forces et ont invité le MDES à les rejoindre.

Est-ce une démarche imposée par la crise ou une prise de conscience née des signaux envoyés par le nouveau régime en termes de politique fiscale ?

Un réveil salutaire (bien que tardif) du patronat

La crise qui secoue l’entreprise et menace les emplois a fini de s’installer un peu partout. Les États ont plus de problèmes car l’accès aux ressources extérieures coûte de plus en plus cher et les ressources internes deviennent plus difficiles à mobiliser eu égard aux défis sociaux qui sont pris en compte. Au Sénégal, la suppression des exonérations fiscales non justifiées et la promotion du civisme fiscal sont souvent agitées par le gouvernement.

Le Sénégal a besoin d’entreprises fortes, de « champions nationaux », pour garantir la compétitivité et la création d’emplois. Les organisations patronales gèrent environ 400.000 salariés du secteur privé moderne sur les 3,5 millions de personnes qui ont une occupation dans notre pays.

Apparemment le « soft power » des chefs d’entreprises sera de moins en moins déterminant. Il faudra être compétitif pour survivre et payer les impôts régulièrement; d’où la nécessité de se serrer les coudes.

Une menace crédible à bien des égards

Sur les 3 prochaines années, la pression fiscale moyenne sera de 21% contre 18,8% actuellement. L’Etat a un problème de ressources et compte sur les recettes fiscales même s’il va utiliser le levier en même temps le levier de la rationalisation des dépenses.

L’encours de la dette est autour de 80% du PIB pour un plafond communautaire (Uemoa) de 70%. Le service de la dette représente 29% des recettes budgétaires alors que le plafond est de 22%; au même moment il fait 27% des recettes d’exportation alors qu’il ne devait pas dépasser 25%, pour une viabilité de la dette.

Le gouvernement préfèrera utiliser le moins possible le levier de rationalisation des dépenses si cela doit déboucher sur la suppression de certaines subventions sensibles. A la place il va privilégier la mobilisation de recettes fiscales.
Donc pour les entreprises , les pertes d’efficacité en matière de production ne pourront plus être compensées par une quelconque générosité fiscale.

L’unification du patronat lui assure un plus grand pouvoir de négociation et permet à l’Etat de mieux classer les priorités des entreprises pour des appuis plus ciblés et efficaces.

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