Après deux années de concertation inclusive ayant mobilisé près de 1 500 participants issus des médias, de la société civile, du clergé, des partis politiques, des universités et des forces de défense et de sécurité, les Assises nationales de la presse ont livré leurs conclusions. Le président du Comité scientifique, Mactar Sylla, a livré une restitution dense d’un travail colossal ayant produit un rapport de 95 pages, synthèse de plus de 700 pages de contributions.
Six commissions ont abordé les questions institutionnelles, juridiques, la régulation, le statut des personnels, la formation, les contenus médiatiques, les rapports avec les forces de l’ordre et la précarité des jeunes reporters. « Il était indispensable, par respect pour tous les participants, de restituer publiquement les résultats », a déclaré M. Sylla.
Parmi les recommandations phares, figure la nécessité d’une nouvelle architecture juridique et institutionnelle, avec la création d’une autorité unique de régulation des médias et de la publicité, en remplacement d’un CNRA jugé obsolète. L’enjeu : mieux encadrer les médias dans un contexte marqué par les mutations technologiques et l’essor de l’intelligence artificielle.
La question économique a été centrale. Sylla insiste sur la rentabilité multidimensionnelle du secteur : « Les médias ne sont pas un luxe. Ils sont une nourriture quotidienne et un ciment national. » Il propose une revalorisation du Fonds d’appui à la presse, orienté désormais vers des projets structurants plutôt que des subventions ponctuelles.
Concernant l’autorégulation, il appelle à renforcer le CORED, pour en faire une sorte de « Dic des journalistes ». Il plaide aussi pour une formation rigoureuse, un soutien à la production nationale de contenus et un investissement dans les industries culturelles et créatives, citant l’exemple ivoirien qui générait déjà 150 milliards de FCFA il y a deux ans.
Enfin, Mactar Sylla exhorte à une mobilisation immédiate : « Il nous faut un plan d’action clair, urgent, cohérent, pour sauver des milliers d’emplois et éviter la faillite de nombreuses entreprises de presse. » Il affirme sa disponibilité à continuer à jouer un rôle de médiation pour faire émerger un écosystème médiatique performant, libre, responsable et solidaire.